« Le portage salarial, une alternative destinée à tous »

À l’origine sollicité par les « seniors » désireux d’accéder à un nouveau statut, le portage salarial voit aujourd’hui son succès s’étendre. Qu’ils soient consultants ou bien jeunes entrepreneurs, c’est un panel désormais élargi qui souhaite adopter ce mode de travail, et notamment en Belgique, où le « plat pays » offre des perspectives intéressantes.

Issam Lachehab

C’est en 1988 que le portage salarial voit le jour en France. Crée par deux associations d’anciens étudiants de HEC et l’AVARAP, l’objectif initial du portage salarial était de faciliter le travail des consultants, en leur évitant de devoir créer une entreprise où s’inscrire en tant que travailleur indépendant pour pouvoir exercer leurs compétences. Il est le pont entre les avantages du salariat et de l’indépendance, une « porte d’entrée vers une nouvelle manière d’appréhender son travail ».

Le portage salarial en Belgique

Bien que le portage salarial n’ait aucun statut juridique dans le droit du travail belge, il est possible d’exercer en tant que tel. De nombreuses coopératives d’activités permettent en effet aux Belges, mais également aux expatriés de travailler dans les mêmes conditions qu’une personne travaillant au sein d’une société de portage. C’est le cas de la SMART, Société Mutuelle pour Artistes, qui permet de vendre sans gestion en Belgique. Cette coopérative d’activités créée en 1998 était à l’origine une association à but non lucratif, mais depuis 2017 elle possède le statut de société coopérative.

En somme, la SMART permet à quelqu’un de vendre son produit ou ses services à ses propres clients, sans créer sa propre entreprise. La personne en question devient coopérateur au sein de la société après avoir acheté une action. La SMART lui fournit un modèle de contrat engageant le client du coopérateur et cette dernière. Une fois le contrat signé, c’est la coopérative d’activités qui facture le client avec de la TVA et s’occupe de toute l’administration ainsi que des aspects juridiques. La SMART paie également les cotisations sociales du travailleur et réalise pour lui une fiche de paie annuelle pour sa déclaration d’impôts. En revanche, c’est au coopérateur de trouver ses propres clients et de s’accorder avec eux sur un prix bien défini. Enfin, la SMART ne réclame que 6 % du bénéfice réalisé par le coopérateur.

Ce système possède donc de multiples avantages et permet à la personne travaillant en portage salarial (expression non reconnue en Belgique) de déléguer à la coopérative d’activités tout l’aspect administratif et juridique de son activité. Cependant, ce fonctionnement n’est pas approprié pour les business d’achat/vente, et n’est pas idéal lorsque l’on fait du business bon marché à de nombreux clients (massage, manucure, coiffure, cordonnerie, pressing, couture, etc.). Eu égard à l’existence de la SMART, il existe plusieurs coopératives d’activités en Belgique telles que Brucoop, Tentoo ou encore Merveille.

JobYourself, un autre moyen de faire du portage salarial

JobYourself est une coopérative d’activités financée par Actiris, organisme régional (Bruxelles-Capitale) chargé de la politique de l’emploi. Cette dernière permet aux demandeurs d’emploi de créer un business au sein de la région bruxelloise, et rencontre un franc succès. Pour se faire, les personnes désireuses de créer leur entreprise doivent répondre à certains critères.

Premièrement, l’entretien de motivation est un passage obligé, afin de connaître l’état d’esprit du demandeur. Mais il faut également que le candidat soit au chômage, et porteur d’un projet entrepreneurial sans engagements à long terme. Autrement dit, il a interdiction de signer un contrat de bail, ni de recruter.

Comme le précise Thierry Lemmens, « si le candidat est accepté, il continuera à percevoir ses allocations de chômage, tout en suivant une formation d’un an à un an et demi qui lui permettra d’avoir le droit de créer son business. C’est un véritable accompagnement, mais pour bénéficier d’une telle opportunité le candidat doit s’assurer que le secteur d’activités de sa future entreprise soit en ligne avec son CV, s’il veut convaincre la coopérative ».